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Projet de décret de protection de caribou : 6e lettre à Justin Trudeau, Premier Ministre du Canada



Sacré-Coeur, le 6 août 2024,


Monsieur le Premier Ministre,

 

Nous n’avons toujours reçu aucune réponse de votre part et ce malgré les cinq (5) lettres que nous vous avons fait parvenir jusqu’à maintenant… Comment devons-nous interpréter ce mutisme dont vous faites preuve ?

 

Tel que nous vous l’avons déjà partagé, les impacts engendrés par l’adoption du décret de Monsieur Guilbeault seraient effroyables pour nos travailleurs, nos citoyens et nos communautés. Compte-tenu de l’absence de réponse de votre part, l’incompréhension, l’inquiétude et l’exaspération augmentent sans cesse dans notre milieu.

Savez-vous, Monsieur le Premier ministre que le décret de votre Ministre Guilbeault vise à agir uniquement sur l’habitat du caribou ? Vos fonctionnaires nous ont bien précisé qu’il ne s’adressait en effet à aucun autre facteur : que ce soit la prédation, la chasse de subsistance, le braconnage, les changements climatiques, ni même la montée des espèces vers le nord. Cela, malgré le fait que les impacts de tous ces facteurs aient été démontrés hors de tout doute par la science.

Or, le projet de décret de type « cloche de verre » de Monsieur Guilbeault identifie un territoire dans le secteur du Pipmuacan où il sera dorénavant interdit de réaliser la récolte du bois de manière commerciale ou la récupération du bois provenant des incendies de forêt qui pourraient survenir, ou des épidémies récurrentes de tordeuse des bourgeons de l’épinette. Les activités de villégiature, de récréotourisme, de chasse, de pêche, les activités industrielles d’extraction des minéraux critiques (31 minéraux potentiels), les activités autochtones et les activités de transport d’énergie continueront toutes d’être permises.

Comme nous le disons depuis très longtemps et au regard de multiples facteurs, une stratégie fondée uniquement sur la protection de l’habitat est vouée à l’échec. En effet, tel que présenté dans votre décret, l’objectif ultime est d’atteindre un taux de perturbation de 35%, seuil où la population de caribou forestier du Pipmuacan possèderait 60% des chances de se maintenir. Or, le territoire en question possède actuellement un taux de perturbation de 80% issu des 40 dernières années de développement de la forêt et de perturbations naturelles. Ce développement inclut les lignes de transport d’énergie, les barrages hydro-électriques (2), les chemins qui ont été construits principalement pour l’aménagement forestier, mais qui aujourd’hui sont justifiés par la présence de ZECs, de pourvoiries, de camps autochtones, de baux de villégiature, d’exploration minière… Toutes ces activités sous-tendent la présence d’activités humaines à long terme partout sur le territoire.


Le décret de Monsieur Guilbeault est tout simplement illégitime et non-fondé, puisque l’objectif de 35% ne pourra jamais être atteint.

Nos experts, qui ont une connaissance fine du territoire, ont travaillé intensivement ces derniers jours pour identifier tous les chemins qui pourraient être démantelés, en conformité avec les objectifs du décret de créer un habitat le moins perturbé possible. Dans cet exercice chirurgical, nous avons identifié les chemins qui devaient demeurer pour maintenir les activités permises par le décret afin de déterminer, au final, quel serait le taux de perturbation permanent minimal, en deçà duquel on ne pourrait descendre eu égard aux objectifs du décret de maintenir certaines activités. Pour effectuer ce calcul, nous avons utilisé la même méthodologie que celle déterminée par votre ministère. Le résultat est que le taux de perturbation permanent minimal de la zone provisoire est de 49% et celui de la zone d’intérêt est de 58%. Cela signifie qu’il est impossible d’atteindre l’objectif du décret et que l’habitat ne pourra jamais rencontrer les conditions nécessaires pour que la population de caribous du Pipmuacan ait des chances acceptables de se maintenir dans le temps. Cette stratégie basée uniquement sur l’habitat est donc nulle et sans fondement. Il est cependant possible de protéger le caribou autrement.

Il faut retenir de cet exercice crucial et déterminant, Monsieur le Premier ministre, que le décret de Monsieur Guilbeault est tout simplement illégitime et non-fondé, puisque l’objectif de 35% ne pourra jamais être atteint.

D’ici quelques années, le temps se chargera de démontrer ces faits. En considération de ces éléments fondamentaux, comment pourrez-vous justifier les impacts catastrophiques que vous allez engendrer ? L’histoire ne manquera pas d’identifier votre gouvernement comme l’unique responsable de l’une des plus importantes catastrophes socio-économiques de notre région depuis plus d’un siècle.

Il y a des solutions pour protéger la population de caribous forestiers du Pipmuacan qui n’ont pas d’impacts ou sinon de très faibles impacts socio-économiques… Votre gouvernement doit ouvrir ses œillères et regarder le problème dans sa globalité. En conséquence, nous vous demandons d’abandonner ce projet de décret qui sème déjà l’inquiétude et l’émoi inutilement dans nos régions et dans nos communautés.


Steeve St-Gelais                              André Gilbert ing.f.

Président                                            Directeur général

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