Sacré-Coeur, le 11 juillet 2024,
Monsieur le Premier Ministre,
Votre gouvernement doit agir de manière raisonnée et responsable. Il n’est pas une organisation militante… Il a le devoir de prendre en compte tous les faits et tous les enjeux, dans une vision de développement durable.
Pour faire suite aux deux premières lettres que nous vous avons récemment fait parvenir, nous tenons à vous partager certains faits additionnels relativement à la supposée « urgence d’agir » qui a été véhiculée par votre Ministre de l’environnement pour justifier l’application d’un décret d’urgence pour la protection du caribou.
Tout d’abord, saviez-vous que le caribou forestier n’est pas une espèce en elle-même mais un écotype du caribou des bois (Rangifer tarandus caribou) ? Cela signifie qu’il appartient à la même sous-espèce que les quelques 175000 caribous toundriques évoluant au nord, mais les individus concernés sont demeurés plus au sud, dans des zones forestières, au lieu d’adopter un comportement migratoire. Ces faits permettent de mettre en perspective que l’espèce du caribou (Rangifer tarandus) n’est pas menacée de disparaître de manière imminente au Québec.
Certaines études ont clairement démontré que l’ensemble des espèces montent vers le nord de 50 à 70 kilomètres par décennie (10 ans). Le caribou forestier n’échappe pas à ce phénomène.
Saviez-vous aussi que 75% à 80% des caribous forestiers recensés lors des derniers inventaires réalisés au Québec étaient situés soit au nord de la limite nordique des forêts attribuables, soit dans des aires protégées, là où il n’y a aucune activité d’aménagement forestier ? Ces informations sont documentées dans les rapports d’inventaires diffusés par le gouvernement du Québec.
Par ailleurs, certaines études ont clairement démontré que l’ensemble des espèces montent vers le nord de 50 à 70 kilomètres par décennie (10 ans). Le caribou forestier n’échappe pas à ce phénomène : une étude réalisée en Alberta et publiée en avril dernier arrive à la conclusion que les changements climatiques pourraient être l’élément ayant le plus d’impact sur l’évolution des populations de caribou forestier. Il a été observé que, pour des territoires aménagés et non-aménagés situés à des latitudes similaires et ayant des profils climatiques similaires, la migration des espèces nuisibles au caribou (l’orignal, le chevreuil et par ricochet l’ours et le loup) était la même dans les deux cas, aménagement forestier ou non.
Monsieur Guilbeault semble faire totalement abstraction des impacts pour les êtres humains de notre milieu, laissant transparaître une forme de mépris inacceptable.
Tous ces faits constituent une preuve éloquente que la notion « d’urgence » justifiant l’adoption d’un décret destiné à interdire l’aménagement forestier n’est aucunement justifié. Tout Ministre en poste de responsabilité devrait être au courant de ces faits et agir de manière raisonnée et diligente sur un dossier aussi important et complexe. Toutefois, Monsieur Guilbeault semble faire totalement abstraction des impacts pour les êtres humains de notre milieu, laissant transparaître une forme de mépris inacceptable.
Pour notre part, nous sommes très conscients et bien instruits des impacts catastrophiques potentiels. Dans le cadre d’une analyse réalisée de par le passé, nous avions pu établir sur la base des résultats financiers réels des 7 années précédentes (2013-2020), qu’une baisse de nos volumes d’approvisionnement de 20% engendrait une disparition de la rentabilité de près de 80%. Un tel scénario compromettait carrément l’existence de notre usine de première transformation et par le fait même, celle de toutes les entités de 1ère, 2e et 3e transformation du Groupe Boisaco car oui, nous avons déjà fait le travail de diversification tant plébiscité par de multiples intervenants. Lors de la présentation du projet de décret de M. Guilbeault, son équipe n’a tout simplement pas été capable de présenter les impacts sur la possibilité forestière, qui constitue pourtant le point de départ de tout calcul d’impacts socio-économiques. Malgré cela, on a eu le culot de nous affirmer que le projet de décret présenté tenait compte d’un juste équilibre entre la conservation et les impacts socio-économiques pour les communautés concernées… Il s’agit tout simplement d’un travail bâclé réalisé dans une vision unilatérale et irresponsable.
Savez-vous ce que fait un animal pris dans un piège Monsieur le Premier Ministre ? Il se bat pour sa survie ...
Nous savons de quoi nous parlons en ce qui a trait aux impacts socio-économiques pour notre milieu. Votre gouvernement doit en prendre conscience. Le temps passe… Nos travailleurs, nos citoyens et nos communautés se sentent de plus en plus pris au piège. Savez-vous ce que fait un animal pris dans un piège Monsieur le Premier Ministre ? Il se bat pour sa survie et il est prêt à tout pour y arriver... Tel est notre ressenti. Nous vous demandons d’intervenir Monsieur le Premier Ministre, afin de mettre fin à cette menace de décret avant qu’il ne soit trop tard…
Steeve St-Gelais André Gilbert ing.f.
Président Directeur général